Cette nuit-là, les étoiles illuminèrent tellement le ciel que la Lune, jalouse, s’était efforcée de refléter de son mieux les rayons du Soleil pour ressembler, elle aussi, à une lumière et à la plus belle d’entre toutes. Un peu plus bas, cette compétition nocturne dégageait une atmosphère à la fois magnifique et mystérieuse à travers la grande fenêtre d’une chambre habitée par deux amoureux, endormis l’un contre l’autre. L’éclat blanc des astres semblait les avoir enveloppés dans un moelleux cocon que la couverture, tombée à côté du lit, ne pouvait remplacer. Les deux corps, plongés dans un océan de rêves, respiraient sous un rythme presque musical.

Le pied de la jeune femme, prisonnier entre ceux de son bien-aimé, glissa lentement, libérant la jeune danseuse, aux yeux enflammés et à la robe légère, qui était dessinée sur sa douce chair. Jusqu’alors figée comme de la pierre, elle s’anima sans prévenir, en s’étirant et en baillant gracieusement. Puis, remontant la jambe de sa maîtresse, elle regarda autour d’elle, émerveillée par ce qui l’entourait. Elle grimpa plus haut, escaladant son ventre plat et contournant sa poitrine généreuse, jusqu’à arriver au creux de son cou.

Un grand sourire apparut aux lèvres de la danseuse quand elle aperçut, sur l’épaule de l’homme allongé à côté de sa dame dont le bras s’était logé derrière sa nuque, un beau et ténébreux militaire qui montait la garde. Elle s’approcha de lui et, attirée par son charme, lui adressa un clin d’œil qui en disait long. Le soldat resta impassible et ne bougea pas d’un poil. Elle ne baissa cependant pas les bras et improvisa pour lui une petite danse. Bien que le militaire fût toujours au garde-à-vous, elle sentit qu’il commençait à défaillir et plongea son regard brûlant dans ses yeux troublés. Il trembla de tout son corps puis, après quelques encore quelques longues secondes d’hésitation, ne résista plus et s’avança vers elle.

Alors la danseuse bougea plus énergiquement son corps et lui fit signe, d’un geste de main, de venir près d’elle, tout près d’elle. Le soldat hésita encore quelques instants à s’échapper du corps de son maître mais il sentit l’impatience de la petite danseuse et, d’un saut, se retrouva pour la première fois sur une autre peau. Elle lui prit le bras puis lui fit une bise sur la joue avant de s’échapper en courant sur le corps de sa maîtresse dans un rire silencieux. Il n’était pas question pour lui de la laisser partir ! Définitivement ensorcelé par ce baiser, il s’élança à sa poursuite, le long d’un bras, autour d’un sein puis au creux arrière d’un genou. Il la retrouva finalement, après une romantique course-poursuite, sur le pied légèrement dégagé du drap. Dans un sourire, il s’élança vers elle, la prit par la taille, la serra contre lui et colla ses lèvres aux siennes.

Ils étaient désormais pris au piège de leur amour et passèrent le reste de la nuit à jouer et à s’embrasser.
Les premiers rayons du Soleil, entrant largement dans la chambre, tirèrent les deux amoureux de leur sommeil. Quelle ne fut pas leur surprise, alors, d’apercevoir sur l’épaule du jeune homme le tatouage d’une danseuse souriante et sur le pied de le jeune femme celui d’un militaire à l’uniforme en désordre.