Ephémère est le seul qui règne indéfiniment dans ce monde. Le Roi, malgré l’aura d’invincibilité qui se dégageait de ses un mètre quatre-vingt-dix de haut, mis en mouvement par ses cent-dix kilos bien en chair régulièrement entretenus par une alimentation abondante et riche, le savait plus que bien. Son père n’arrêtait pas de le répéter, lui qui fut jadis aimé par le peuple entier pour sa sagesse, son courage, sa patience, ainsi que pour de nombreuses autres vertus qui le qualifiaient tant. Ses sujets se demandaient même s’il était doté de défauts. S’il avait été nécessaire de lui en donner un, cela aurait été celui d’avoir une santé fragile.
En effet, l’ancien souverain était constamment malade. Le visage amoindri, pâle, sur un corps constamment en sueur, qui était pris de temps à autres de soubresauts, un simple vent aurait pu le faire tomber de son trône. Du moins, c’est ce qu’on pensait en le regardant. Mais son état d’esprit était tout le contraire : sa mentalité pouvait faire obstacle à toutes les nouvelles, à toutes les catastrophes, sans vaciller ne serait-ce d’une seconde. Il aurait même été face à l’Apocalypse qu’il n’aurait traité cette dernière que comme une simple affaire du Royaume. Hélas, il ne put faire de même pour ses pathologies qui, inlassables, infatigables, prenaient sans cesse l’assaut des remparts de son être. Puis, un jour, elles eurent raison de lui. Le cœur de sa majesté ne fut alors plus en état de (se) battre. Ce fut l’un des plus beaux enterrements royaux de l’histoire. Sa mort fut pleurée des mois et des mois, aujourd’hui encore, des bougies sont entreposées un peu partout dans les rues pour toujours se rappeler du bon monarque qu’il était. Ephémère, quant à lui, invisible mais tout puissant, était toujours là pour nous rappeler ô combien les hommes sont temporaires, même les Rois.
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Aussi riche d'objets, d'histoires, de cicatrices
Que pauvre de ses si délicieuse brûlures
Je l'ai retrouvé paisiblement endormie