Dimanche 12 octobre 14

La nuit je me retrouve perdu dans tes couleurs
Figé par le pomme vert de tes yeux dans les miens
Gelé par le blanc neige de ta peau sur mon corps

Et je vois alors dans la chambre de mon cœur
Un arc-en-ciel chasser les ombres du rebord


La nuit je me retrouve perdu dans ton odeur
Enchaîné par ton parfum dont tu es le gardien
Ligoté par le fumet de ton doux réconfort
Et je sens alors dans la chambre de mon cœur
Un arôme me charmer un peu plus fort

La nuit je me retrouve perdu dans ta chaleur
Hâlé par ta flamme que tu manies si bien
Brûlé par ton grand feu aux bouts d'or
Et je vois alors dans la chambre de mon 
cœur
Un incendie éclairer mes sombres pensées


La nuit je me retrouve perdu dans ton bonheur
Charmé par ton sourire déclenché pour un rien
Envoûté par la puissance sincère de ton sort
Et je sens alors dans la chambre de mon cœur

Une magie sans artifices tromper la mort

La nuit je me retrouve perdu dans ton cœur
Attiré par tout ce qui est tien
Et c'est quand doucement je m'endors
Que j'entends alors dans la chambre de mon cœur
Une voix me murmurer de t'aimer encore

Lundi 18 août 14

Las de Vegas,
Paris, lancé,
Défi(lle)s à prendre, atouts tirés,
Jouer au cœur, gros lots visés,
Plein les as, cartes cachées,
Sur son vingt-et-un, Jack fâché,
Étendre l’oseille, débits envolés,
Se tenir à carreau, piques évitées,
Prendre du crédit, se risquer,
Miser le tout, tout dévoiler,
Les jeux sont faits, rien ne va plus,
J’ai perdu et Jack les mets à nu.

Lundi 28 juillet 14

Le monde d'où tu viens importe peu.

Il peut être si grand qu'il te faudrait plusieurs vies pour le parcourir, si étroit que tu ne peux y faire que trois pas avant de tourner en rond, si beau que ton regard ne peut s'en détacher, si laid que tu lui tournes inconsciemment la tête, si riche que tu ne sais plus quoi saisir, si pauvre que tes mains restent dans tes poches, si simple que tu cherches à l'obscurcir, si compliqué que tu souhaites le faciliter, si je-ne-sais-quoi que tu es persuadé que ton monde est forcément différent de celui de ton voisin... mais tu te trompes.

Chaque monde possède une limite. Et tu sais quoi ? C'est la même pour tous. Tu as beau être d'ici, de la Terre, ou d'une planète tellement lointaine que nul ne la connait, avoir deux pieds et deux mains comme moi, marcher et respirer par le nez de l'oxygène ou pas du tout, toi et moi connaissons un endroit unique en son genre et, d'ailleurs, peut-être que nous nous y sommes déjà rencontrés sans y faire attention.

C'est un lieu où le temps ne court pas, où la sortie est incertaine puisque tu ne sais même pas quand comment tu y es rentré. Tu y es, simplement. Ce que tu vois, ressens et vis alors devant et autour de toi t'es propre et ne peut appartenir à quelqu'un d'autre. C'est pourtant la même place que nous parcourons, toi et moi, sauf qu'il m'est impossible de la percevoir comme toi tu peux la discerner.

Je ne sais si l'espèce, la personnalité, l'intelligence, la taille, le poids, le rang, les actions ou encore les pensées sont pris en compte mais s'il y a bien une chose dont je suis certain c'est que cet endroit accessible depuis n'importe quel monde n'existe nul par ailleurs, est parcouru par la vie où qu'elle soit et, pourtant, personne ne pourra nous mettre d'accord sur sa description.

Moi, je le nomme le bord du monde.

Quand j'y rentre, c'est une nuit qui m'attend. Fraîche sans trop l'être. Je suis vêtu d'un simple haut, d'un pantalon, et je sens l'herbe haute et humide me chatouiller les pieds tandis que là-haut des étoiles me regardent, curieuses. Je n'ai pas de direction particulière à prendre: je n'ai qu'à marcher un peu pour trouver le rebord. Souvent je m'y assois, les pieds suspendus au dessus d'un océan de petites lumières. Et j'attends. Oui. J'attends sur le bord du monde... sur la limite. Jusque-là j'ai toujours réussi à revenir mais parfois je me dis qu'une nuit je n'y arriverai plus.

Le bord du monde est un endroit connu de tous et que moi seul connait.

Dimanche 29 juin 14

Il savait de ce pays que le vent soufflait fort et que les habitants étaient de plus en plus nombreux à se réfugier dans des zones moins exposées, mais il ne pensait pas se faire repousser dans la direction inverse avec autant de violence. Cela n’aurait pas été si désagréable pour lui, qui avait connu pire bourrasque, si le sable ne s’en était pas mêlé. Les grains, par milliers, le frappaient de part en part, tel un fouet, le marquant à sang, et, comme si cela ne suffisait pas, rentraient progressivement dans ses oreilles, ses yeux, son nez ainsi que sa bouche. Les nombreux tissus qu’il portait, ainsi que sa gigantesque cape assortie à ses yeux de forêt, ne le protégeaient pas suffisamment. Ne souhaitant pas finir étouffé, au pire aveugle et sourd, il se résigna à en savoir plus sur cette région difficile. D’autant plus qu’il l’avait aperçu depuis quelques instants au loin. Il utilisa alors sa cape pour se couvrir entièrement, murmura quelque chose, puis disparut du désert de Sanamel.

L’air frais était toujours présent mais n’était désormais plus qu’une brise. Il relança son étoffe en arrière avant de réaliser qu’il avait atterri sur une belle plaine verdoyante. Il se débarrassa de tout le sable accumulé sur sa peau et ses vêtements avant de reprendre sa route.

Une armée de fleurs sauvages l’entouraient et les odeurs qu’elles dégagèrent le surprirent. Alors que certaines sentaient exactement ce qu’on attendait d’elles, d’autres ne voulurent pas respecter le code de la nature et se distinguèrent par leur parfum de viande rôtie, de poisson frais, de fruits exotiques... d’elle.

Il s’arrêta net puis se retourna. Elle se tenait juste là, à moins d’un mètre de lui, dans ce paradis perdu. La première chose qu’il vit fut sa chevelure blonde, presque aussi longue que sa cape, qui lui mangeait la moitié de son visage couleur neige. Perdus entre les boucles, ses yeux en amande le regardèrent, interrogateurs, lui disaient « Bah alors ? Tu ne me prends dans tes bras ? » tandis que son petit sourire l’encourageait à s’exécuter.

Elle lui tendit sa belle main blanche mais il n’en fit rien. Il se contenta juste de la regarder, impassible. Il savait que cela ne lui servait à rien de parler mais il ne put s’en empêcher.

- Combien de temps vas-tu me poursuivre comme ça ?! lui demanda-t-il d’un ton sec.

Surprise par sa réaction, elle prit un air triste et son regard se mouilla aussitôt.

- Je suis ta femme ! répondit-elle – sa voix, d’habitude mélodieuse,  tremblait-. Je te suivrai toujours !
- Non ! Tu n’es pas femme ! Ma femme est morte !

Il l’avait hurlé avec une telle puissance qu’il en fut lui-même étonné. Cela faisait longtemps qu’il gardait ça sur le cœur. Des larmes lui coulaient le long des joues. Sur elle aussi.

- Tu n’es qu’une honteuse copie de ce qu’elle était ! Tu ne peux même pas savoir à quel point elle était parfaite pour moi ! Je l’ai tant aimé, oh oui, tant aimé... et elle est partie à jamais !

Il reprit sa respiration, sa gorge avait été irritée par le sable.

- Toi par contre, tu es là. Telle une malédiction. J’en ai eu des ennemis tout au long de ma vie mais je ne pensais pas que l’un d’entre eux pouvait être aussi pervers pour me jeter un sort pareil !

Il essuya ses yeux rougis puis toussa deux fois. 

- Mais ne t’en fais pas, lui lança-t-il. Je parcours depuis le monde entier pour trouver un remède. Celui qui me débarrassera une bonne fois pour toute de toi. Et le jour où je le trouverai je pourrai enfin faire mon deuil. Maintenant VA-T-EN !

Il s’enroula aussitôt dans sa cape verte avant de disparaitre à nouveau dans un autre lieu, dans un autre temps, en espérant qu’elle ne le suivra plus, sans trop y croire.

Dimanche 8 juin 14

Adossé sur la plus belle étoile électrique
Soulé au meilleur vin de l’univers
Je me moque gentiment avec elle
De ta petite vie si terre-à-terre
Regarde donc au moins une fois le ciel
Est-ce que tu le trouves magnifique ?

Si tu savais le temps que ça m’a pris
De convaincre toutes ces lumières
De s’unir toutes ensemble au-dessus de toi
Pour qu’elles puissent, peu fières,
Te faire lever la tête, te montrer moi
Prêt à t’expliquer pourquoi je ne suis plus ici

Si tu savais ô combien je regrette cette nuit
Celle où j’ai levé le pied, foutu ma vie en l’air,
Il suffit tellement d’un rien pour décrocher
Je pensais avoir vu trop de fois Lucifer
Mais depuis que je suis tombé là-haut

Ne plus t’embrasser est un enfer.

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Page suivante >>

Créer un podcast