Il savait de ce pays que le vent soufflait fort et que les habitants étaient de plus en plus nombreux à se réfugier dans des zones moins exposées, mais il ne pensait pas se faire repousser dans la direction inverse avec autant de violence. Cela n’aurait pas été si désagréable pour lui, qui avait connu pire bourrasque, si le sable ne s’en était pas mêlé. Les grains, par milliers, le frappaient de part en part, tel un fouet, le marquant à sang, et, comme si cela ne suffisait pas, rentraient progressivement dans ses oreilles, ses yeux, son nez ainsi que sa bouche. Les nombreux tissus qu’il portait, ainsi que sa gigantesque cape assortie à ses yeux de forêt, ne le protégeaient pas suffisamment. Ne souhaitant pas finir étouffé, au pire aveugle et sourd, il se résigna à en savoir plus sur cette région difficile. D’autant plus qu’il l’avait aperçu depuis quelques instants au loin. Il utilisa alors sa cape pour se couvrir entièrement, murmura quelque chose, puis disparut du désert de Sanamel.
L’air frais était toujours présent mais n’était désormais plus qu’une brise. Il relança son étoffe en arrière avant de réaliser qu’il avait atterri sur une belle plaine verdoyante. Il se débarrassa de tout le sable accumulé sur sa peau et ses vêtements avant de reprendre sa route.
Une armée de fleurs sauvages l’entouraient et les odeurs qu’elles dégagèrent le surprirent. Alors que certaines sentaient exactement ce qu’on attendait d’elles, d’autres ne voulurent pas respecter le code de la nature et se distinguèrent par leur parfum de viande rôtie, de poisson frais, de fruits exotiques... d’elle.
Il s’arrêta net puis se retourna. Elle se tenait juste là, à moins d’un mètre de lui, dans ce paradis perdu. La première chose qu’il vit fut sa chevelure blonde, presque aussi longue que sa cape, qui lui mangeait la moitié de son visage couleur neige. Perdus entre les boucles, ses yeux en amande le regardèrent, interrogateurs, lui disaient « Bah alors ? Tu ne me prends dans tes bras ? » tandis que son petit sourire l’encourageait à s’exécuter.
Elle lui tendit sa belle main blanche mais il n’en fit rien. Il se contenta juste de la regarder, impassible. Il savait que cela ne lui servait à rien de parler mais il ne put s’en empêcher.
- Combien de temps vas-tu me poursuivre comme ça ?! lui demanda-t-il d’un ton sec.
Surprise par sa réaction, elle prit un air triste et son regard se mouilla aussitôt.
- Je suis ta femme ! répondit-elle – sa voix, d’habitude mélodieuse, tremblait-. Je te suivrai toujours !
- Non ! Tu n’es pas femme ! Ma femme est morte !
Il l’avait hurlé avec une telle puissance qu’il en fut lui-même étonné. Cela faisait longtemps qu’il gardait ça sur le cœur. Des larmes lui coulaient le long des joues. Sur elle aussi.
- Tu n’es qu’une honteuse copie de ce qu’elle était ! Tu ne peux même pas savoir à quel point elle était parfaite pour moi ! Je l’ai tant aimé, oh oui, tant aimé... et elle est partie à jamais !
Il reprit sa respiration, sa gorge avait été irritée par le sable.
- Toi par contre, tu es là. Telle une malédiction. J’en ai eu des ennemis tout au long de ma vie mais je ne pensais pas que l’un d’entre eux pouvait être aussi pervers pour me jeter un sort pareil !
Il essuya ses yeux rougis puis toussa deux fois.
- Mais ne t’en fais pas, lui lança-t-il. Je parcours depuis le monde entier pour trouver un remède. Celui qui me débarrassera une bonne fois pour toute de toi. Et le jour où je le trouverai je pourrai enfin faire mon deuil. Maintenant VA-T-EN !
Il s’enroula aussitôt dans sa cape verte avant de disparaitre à nouveau dans un autre lieu, dans un autre temps, en espérant qu’elle ne le suivra plus, sans trop y croire.
Je commence par les mots, les phrases qui me paraissent bizarres, histoire de faire ma chieuse dès le début :p
"il ne pensait pas à se faire repousser dans la direction inverse" -> Je trouve que le "à" est inutile dans cette phrase, à moins que je me trompe.
"Les nombreux tissus épais" -> Là aussi, "épais" n'est pas vraiment utile (de mon point de vue), on sait qu'il porte beaucoup de vêtement avec le mot "nombreux".
"La première chose qu’il vit est sa chevelure blonde" -> Le présent fait tache dans ce texte au passé, c'est soit l'un soit l'autre mais pas les deux en même temps.
"À elle aussi" -> J'ai un doute, ce ne serait pas avec "sur elle aussi" ? Puisque l'on parle des joues.
"elle ne la suivra plus" -> "elle ne le suivra plus"
Parlons du texte dans son ensemble ! C'est beau, sensible, émouvant, il y a une vraie poésie dans cette tragédie sur fond de malédiction, et la fin soulève tout de même pas de questions, ce qui est très appréciable. J'ai toujours dit que tu avais le talent des mots et du verbe, tu m'as encore convaincue avec ce beau texte plein de charme. Bravo ;)