Une silhouette s’arrêta près de l’eau salée qui, pour ne rien changer à ses habitudes, clapotait. Elle était si paisible qu’on la nommait La Mer Tranquille. Cette dernière ignorait que toutes ses autres sœurs étaient bien plus capricieuses qu’elle. Éparpillées ici et là dans le monde, elles s’agitaient, s’énervaient, s’écrasaient contre la terre rocheuse et solide qui les empêchait sans relâche de continuer leur conquête aquatique. Leurs vagues étaient si hautes, si impressionnantes, si meurtrières pour les malheureux qui osaient s’en approcher, que les hommes leurs avaient donné à chacune d’entre elle de terribles noms. La Mer Tranquille était la seule et unique exception. Certains, déçus de sa nature passive, préféraient l’appeler La Mer Paresseuse. D’autres, moins sévères, La Mer Endormie. Mais les appellations qui la définissaient n’avaient plus aucune importance désormais. Grâce à lui, elle allait devenir la plus terrifiante, la plus angoissante des étendues d’eaux qui existaient. Elle allait devenir La Mer Apocalyptique. Et personne ne pourra lui contester ce nom qu’elle se sera octroyée elle-même... les cadavres ne parlent pas.
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