Il avait dû cumuler tout le positif pour la rendre la plus belle possible dans son Formeur, une technologie trop avancée sur son temps, cachée aux yeux de tous. Ils ne comprendraient rien. Ils ne l’utiliseraient pas à bon escient, se disait-il. De toute façon ce n’était pas eux qui importaient. C’était elle.
Le Formeur était un étrange appareil. Une vieille machine à laver toute cabossée dont le tambour avait été remplacé par une sorte de diffuseur d’images qui dissimulait, derrière lui, un moteur complexe composé de fils, d’électroniques, et de composants indescriptibles.
Dessus, deux boutons.
Il appuya sur le bleu.
Une belle jeune femme illumina la pièce, projetée par la lumière du Formeur, qui, comme possédé, bougea dans tous les sens en hurlant sa mécanique. Il la regarda, admiratif. Nue, sa chevelure, légèrement bouclée, tombait jusqu’au bas de son dos. Sa couleur brune s’opposait totalement à sa peau toute blanche qui dévoilait ici et là quelques grains de beauté. Certains semblaient s’être posés délicatement sur ses deux petits seins. Mais ce qu’il regarda le plus c’était son regard. Il était d’un gris si intense qu’elle pouvait à tout moment provoquer le plus violent des orages. Ses yeux dominaient son visage fin. Front, nez, oreilles et lèvres s’étaient fait discrets, de peur de les mettre en colère.
Mais ces derniers ne regardaient rien. Ils voyaient sans voir. Ils ne l’avaient pas vu. Elle ne l’avait pas vu. Ne l’avait pas remarqué. Pas une seule seconde. Sa douce Emily n’était qu’une coquille vide. Qu'un vulgaire fantôme. Il devait encore finaliser son projet s'il voulait...
Il appuya sur le rouge.
Le Formeur cessa d’hurler.
Elle disparut.