Dans la nuit, en dessous d'un réverbère, une femme au parfum sucré attendait. Son corps lui donnait, au premier coup d'œil, l'apparence d'un oisillon fragile que tout pouvait le mettre en danger. Mais une fois qu'on croisait son regard, on comprenait très vite que le petit volatile n'était qu'un déguisement et que, derrière, se cachait un redoutable tigre. C'est pour ce paradoxe que l'on appelait l'oiseau-tigre.
Près de la seule source de lumière disponible des environs, la femme-animale guettait l'arrivée d'un homme. Celui-ci lui avait donné rendez-vous dans ce lieu éloigné de la ville pour éviter la curiosité de certains piétons. C'est du moins ce qu'elle avait lu dans la lettre qu'elle avait reçu deux jours plus tôt. Elle regarda sa montre: il était presque une heure du matin.
Elle entendit soudain un moteur puis aperçut très vite après deux phares s'approcher. La voiture, dont elle ne distingua ni le modèle ni la couleur, s'arrêta devant elle. La porte d'arrière s'ouvrit et quelqu'un en sortit. Un visage apparut sous la lumière.
Elle se retrouva, à sa plus grande surprise, face à un jeune homme dont sa beauté était telle qu'elle en était effrayante. Ses mains dans les poches, il lui lança un sourire particulièrement innocent.
- Belle nuit, n'est-ce pas ?
Étonné par la voix presque enfantine de son interlocuteur, elle eut des doutes et se demanda s'il était réellement celui qui lui avait écrit.
- Vous... vous êtes monsieur Cooger ? demanda-elle prudemment.
- Aussi vrai que vous êtes madames Turner.
- Oh... excusez-moi, dit-elle. Mais vu l'importance de l'affaire, je m'attendais à quelqu'un de plus... expérimenté.
- Ne me sous-estimez pas madame Turner, répliqua-t-il froidement tout en conservant son sourire enfantin. Je suis l'homme de la situation. Vous avez l'argent ?
La patte de l'oiseau-tigre, un peu tremblante, glissa dans le sac et en sortit une enveloppe qu'elle lui tendit. Le jeune homme la saisit et vérifia rapidement le contenu. Il leva un sourcil.
- Ce n'est pas ce que nous avons convenu...
Le cœur de la femme, qui battait déjà beaucoup face à l'assurance angoissante de son interlocuteur, s'accéléra un peu plus.
- Je sais mais je suis mère et j'élève seule mes trois enfants. J'ai un boulot qui nous donne juste de quoi vivre, je ne peux pas vous donner plus !
Il secoua lentement a tête de gauche à droite.
- Je crains que vous n'aurez très vite plus besoin d'argent si...
Son sourire s'effaça. Il fixa intensément le revolver, qu'elle avait rapidement sorti de son sac, pointé sur lui. Cette misérable femme qu'il avait pourtant rendu service.
- Madame Turner... j'aurai été prêt à vous confier un autre délai mais vous ne me laissez pas le choix.
L'intéressée sentit sans prévenir une décharge froide lui parcourir le bras avant d'atteindre la main qui tenait l'arme. Elle vit, terrorisée, ses doigts se refermer plus fort sur le manche.
- Bien que vous soyez surnommée l'oiseau-tigre, reprit-il, il semblerait bien que...
La main de la jeune femme tourna le pistolet contre sa tempe. Elle mit toute la volonté du monde pour se libérer de la force qui la tenait mais rien à faire: elle ne contrôlait plus du tout son corps.
- ... l'oiseau soit tombé du nid avant que le tigre ne le rattrape.
L'index de la femme appuya sur la gâchette. Le coup de feu résonna sinistrement dans le lointain. Sans regarder une seule seconde le corps inerte qui baignait désormais sa propre flaque de sang, remonta dans la voiture qui reprit lentement sa route.
Près de la seule source de lumière disponible des environs, la femme-animale guettait l'arrivée d'un homme. Celui-ci lui avait donné rendez-vous dans ce lieu éloigné de la ville pour éviter la curiosité de certains piétons. C'est du moins ce qu'elle avait lu dans la lettre qu'elle avait reçu deux jours plus tôt. Elle regarda sa montre: il était presque une heure du matin.
Elle entendit soudain un moteur puis aperçut très vite après deux phares s'approcher. La voiture, dont elle ne distingua ni le modèle ni la couleur, s'arrêta devant elle. La porte d'arrière s'ouvrit et quelqu'un en sortit. Un visage apparut sous la lumière.
Elle se retrouva, à sa plus grande surprise, face à un jeune homme dont sa beauté était telle qu'elle en était effrayante. Ses mains dans les poches, il lui lança un sourire particulièrement innocent.
- Belle nuit, n'est-ce pas ?
Étonné par la voix presque enfantine de son interlocuteur, elle eut des doutes et se demanda s'il était réellement celui qui lui avait écrit.
- Vous... vous êtes monsieur Cooger ? demanda-elle prudemment.
- Aussi vrai que vous êtes madames Turner.
- Oh... excusez-moi, dit-elle. Mais vu l'importance de l'affaire, je m'attendais à quelqu'un de plus... expérimenté.
- Ne me sous-estimez pas madame Turner, répliqua-t-il froidement tout en conservant son sourire enfantin. Je suis l'homme de la situation. Vous avez l'argent ?
La patte de l'oiseau-tigre, un peu tremblante, glissa dans le sac et en sortit une enveloppe qu'elle lui tendit. Le jeune homme la saisit et vérifia rapidement le contenu. Il leva un sourcil.
- Ce n'est pas ce que nous avons convenu...
Le cœur de la femme, qui battait déjà beaucoup face à l'assurance angoissante de son interlocuteur, s'accéléra un peu plus.
- Je sais mais je suis mère et j'élève seule mes trois enfants. J'ai un boulot qui nous donne juste de quoi vivre, je ne peux pas vous donner plus !
Il secoua lentement a tête de gauche à droite.
- Je crains que vous n'aurez très vite plus besoin d'argent si...
Son sourire s'effaça. Il fixa intensément le revolver, qu'elle avait rapidement sorti de son sac, pointé sur lui. Cette misérable femme qu'il avait pourtant rendu service.
- Madame Turner... j'aurai été prêt à vous confier un autre délai mais vous ne me laissez pas le choix.
L'intéressée sentit sans prévenir une décharge froide lui parcourir le bras avant d'atteindre la main qui tenait l'arme. Elle vit, terrorisée, ses doigts se refermer plus fort sur le manche.
- Bien que vous soyez surnommée l'oiseau-tigre, reprit-il, il semblerait bien que...
La main de la jeune femme tourna le pistolet contre sa tempe. Elle mit toute la volonté du monde pour se libérer de la force qui la tenait mais rien à faire: elle ne contrôlait plus du tout son corps.
- ... l'oiseau soit tombé du nid avant que le tigre ne le rattrape.
L'index de la femme appuya sur la gâchette. Le coup de feu résonna sinistrement dans le lointain. Sans regarder une seule seconde le corps inerte qui baignait désormais sa propre flaque de sang, remonta dans la voiture qui reprit lentement sa route.